Le
premier trimestre est terminé.
Il se passe une chose
totalement magique à cette date mythique. Comme par enchantement je cesse
miraculeusement de vomir : quasiment du jour au lendemain ! Je peux
enfin reprendre le travail et une vie sociale. Je peux à nouveau manger presque
normalement mise à part les précautions d’usage pour ne pas choper la
listériose ou d’autres saloperies du genre. Bref, je peux me remettre en
activité : avoir une vie.
Si « la vie c’est comme
une boite de chocolat », moi, mon ventre c’est comme une cannette de
soda : il y a plein de bulles à l’intérieur. A la troisième grossesse, on
identifie assez rapidement les mouvements intérieurs qui ne nous appartiennent
pas. Il est bien là, je le sens bouger. Je suis deux… Etrange concept qu’un
humain à l’intérieur d’un autre humain. Il est d’ailleurs bien regrettable que
l’on ne puisse se souvenir de cette période de notre pré-vie. Etais-ce une ère
de paix et de quiétude, un pur moment de création et d’évolution :
l’apparition de la vie dans la mer/mère originelle. Neuf mois de spa gratuit et
ininterrompu. Ou bien, est-ce qu’à la fin on ne finit pas par se faire
chier ? Même bien installé dans une salle d’attente confortable et
climatisée, attendre l’heure de son rendez-vous quarante semaines, c’est long.
Mon ventre
rond, aux yeux du monde, je suis une autre femme. La fonction d’incubatrice
confère un statut à part. Je porte la vie, et peut-être que dans l’inconscient
collectif, il est de bon ton de me remercier de bien vouloir poursuivre l’œuvre
de l’humanité ? La femme enceinte devient une sorte d’objet sacré
suscitant émerveillement, admiration et respect. J’ai le divin pouvoir de créer
la vie, je suis une déesse. Les gens disent (assez souvent même) que je
« rayonne » :serais-je devenue une super-héroïne au super
pouvoir de diffuser des rayons de bonheur ? J’attire la curiosité des
vieilles et des enfants, je suscite la politesse et la déférence des hommes,
l’empathie des femmes, la bienveillance de mes collègues de travail. La vie est
bien faite tout de même parce qu’avec tous les emmerdements d’une grossesse après
35 ans, on peut au moins en tirer des bénéfices secondaires. En tant que femme
enceinte,
il est même autorisé de griller tout le monde dans les files d’attente des caisses des grands magasins mais ça, moi je n’ose jamais le faire. Sinon, on me laisse les chaises, on porte mes sacs, on me laisse passer (il faut dire que je commence déjà à être encombrante), on me sourit gratos, et on ramasse les trucs que je fais tomber par terre. Au boulot, je suis LE sujet à protéger et préserver. Il faut dire qu’être en cloque au milieu d’un hôpital psychiatrique n’est pas toujours la panacée… je suis donc dispensée de nursing, de chambre d’iso, et j’évite le contact rapproché avec les ex-taulards meurtriers, les psychopathes violents et les vieux frontaux. Mais je touche du bois, jusqu’à présent mon état de grossesse n’a engendré envers moi que des réactions positives de la part des patients.
il est même autorisé de griller tout le monde dans les files d’attente des caisses des grands magasins mais ça, moi je n’ose jamais le faire. Sinon, on me laisse les chaises, on porte mes sacs, on me laisse passer (il faut dire que je commence déjà à être encombrante), on me sourit gratos, et on ramasse les trucs que je fais tomber par terre. Au boulot, je suis LE sujet à protéger et préserver. Il faut dire qu’être en cloque au milieu d’un hôpital psychiatrique n’est pas toujours la panacée… je suis donc dispensée de nursing, de chambre d’iso, et j’évite le contact rapproché avec les ex-taulards meurtriers, les psychopathes violents et les vieux frontaux. Mais je touche du bois, jusqu’à présent mon état de grossesse n’a engendré envers moi que des réactions positives de la part des patients.
Le gros
bid pose aussi le problème technique de l’habillement et il se trouve justement
que je dois trouver une tenue pour le mariage de ma sœur cet été (je serais à 7
mois) et qu’en plus il y a un thème imposé. Je résume : je dois trouver
une robe de grosse, qui fasse années 20, confortable et habillée. Heureusement
les grandes enseignes ont pratiquement toutes optées pour un rayon « grandes
tailles » et « futures mamans » et par chance je trouve une robe
dans le thème.
A quoi
faut-il penser encore ? Ah ouais il faut que mon mec aille en mairie faire
reconnaitre sa paternité parce qu’on n’est pas mariés – comme si le mariage
garantissait la filiation… Il parait que les statistiques faisant état du
nombre d’enfant qui ne sont pas vraiment les fils ou filles de leur père font
froid dans le dos. Au moins pour ça, moi je n’ai aucun doute. Il faut aussi que
je modifie mon contrat de mutuelle. Qu’au moins je puisse demander une chambre
seule à la maternité et me faire rembourser les frais d’ostéopathe que
m’occasionne déjà cette grossesse.
A la
maison, cette grossesse est l’occasion de discussions intéressantes avec les
enfants. « Comment on les fait ces BB ? C’est quoi faire l’amour ?
Et surtout comment il va sortir ? ». Il faut bien leur en parler,
parce que Titeuf, il est bien gentil mais on ne peut pas non plus lui laisser
toute la responsabilité de l’éducation sexuelle de nos enfants. Du coup, à
table, on parle d’utérus, de zizi, de zezette, de puberté, de relations
sexuelles et même de fécondation in vitro (méthode grâce à laquelle sont venus
au monde leurs triplés de tata et tonton). Ma fille opte d’ailleurs pour cette
méthode de conception pour son futur enfant puisqu’évidemment elle ne fera
jamais l’amour vu comme c’est trop dégueu ! Elle affiche aussi face à son
petit frère sa fierté d’être née par césarienne et non pas d’être sortie, comme
lui par la zezette de maman, ce qui cela aussi est franchement dégueu !
Chéri se marre et imagine l’improbable possibilité d’avoir pu un jour avoir ce
genre de discussion avec sa propre mère. Mon fils lui, anticipe tout de suite
les problèmes techniques que peut engendrer un accouchement par voie basse.
« Comment la tête du BB, fait-elle pour passer par un petit trou de
zezette ? ». Ok, cette fois on est bon pour aborder le sujet magique
de la dilatation. Ça tombe bien j’ai un élastique à cheveux à portée de main,
ça fera l’affaire pour la métaphore en image. Je leur épargne quand même le
sujet de l’épisiotomie, je ne voudrais quand même pas les traumatiser…
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