mercredi 10 février 2016

3 éme mois de grossesse


D’après ce que dit l’obstétricienne, autour de 10 semaines, hormonalement parlant, j’ai atteint le pic le plus élevé. Serais-je au sommet de mon art ? Puis-je espérer aller mieux ? L’avenir le dira, selon elle, les effets gênants (moi je dirais atrocement insupportables) disparaissent après le premier trimestre mais « on ne sait jamais avec le corps humain… ». La bonne nouvelle c’est que les risques de fausses couches sont déjà plus loin. Je prends mon mal en patience, c’est pour la bonne cause.

Tellement occupée à mobiliser mon énergie pour essayer de domestiquer les troubles du comportement de mon estomac, j’ai totalement comme cesser d’avoir une existence. J’en oublie même parfois de penser et de parler d’eux : chéri et l’œuf. Pauvre chéri, il ne peut pas faire grand-chose contre mon mal être. Il m’aide autant qu’il le peut mais ne sait pas toujours quoi faire. Notre vie de couple (et je ne parle même pas du néant totale de notre vie sexuelle) est au 36ème dessous. Comment avoir une vie de couple quand on n’a plus de vie tout court. Il patiente, il n’a pas le choix et puis il sait qu’il est en partie « responsable » de mon état alors il attend que ça passe.

Quant à l’œuf, je lui enjoins ferment de bien s’accrocher et de faire de son mieux pour progresser dans son évolution fulgurante de l’état d’œuf à celui de fœtus.

Annonce officielle générale faite, de toute façon, une gastro qui dure deux mois avec arrêt de travail ce n’est pas trop crédible alors on dit la vérité. Mes deux premiers poussins semblent contents - à condition bien sûr que ce BB soit une petite sœur pour l’une et un petit frère pour l’autre et qu’ils n’aient jamais-mais alors jamais de la vie et même pas en rêve- à changer de couches parce que c’est trop dégueu !

Autour de 12 semaines on fait la fameuse première échographie obligatoire,
C’est celle où l’on nous enjoint de venir vessie pleine. Je ne suis pas conne, je n’ai pas bu avant de venir ! Je me suis contenté de ne pas aller pisser, c’est amplement suffisant et l’attente plus la pression de la sonde sur ma vessie non vidée ont été bien assez désagréable pour que je me félicite de cette précaution. L’œuf n’est plus vraiment œuf : entre la larve et le mini BB, mon locataire a l’air en forme. Il a des bras, des mains, des jambes, on devine une petite bouille et on entend battre son mini cœur. Il vibrionne dans sa piscine amniotique… Chéri est là pour l’échographie, nous sommes aussi émus l’un que l’autre mais parvenons tout de même à garder notre dignité : on a des larmes d’émotion qui coulent mais à l’intérieur. C’est aussi à cette époque que l’on tente de dépister les risques de trisomie 21 : mesure de « la clarté nucale » et bilan sanguin. Je te préviens tout net larvon, t’as intérêt d’être normal parce que moi je me vois absolument pas en mère courage !

Sinon, je me fais tellement chier pendant mon arrêt de travail, que j’essaie de passer le temps comme je peux en évitant autant que faire se peut d’en être réduite à regarder les téléfilms du début de l’après-midi. J’ai d’ailleurs une application pour femme en cloque sur mon smartphone. Toutes les semaines j’ai droit à la lecture d’un tas de petites rubriques adaptées à l’état d’avancement de ma grossesse. Il y a toujours un petit article consacré à l’état psychologique de la femme enceinte. Il parait que certaines femmes souffrent de ne pas avoir de ventre de grossesse : pas de ventre, pas de statut de femme enceinte. Il s’agit des femmes en surpoids apparemment : comme il y a déjà la place suffisante pour la piscine intérieure chauffée : pas besoin de grossir pour faire une extension de terrain. Evidemment, comme je ne fais rien comme les autres moi, à 2 mois et demi on a déjà l’impression que j’ai avalé une citrouille alors que sur la balance je n’ai absolument pas pris un gramme ! (l’effet vomito sans doute).

Si les nausées sont moins violentes, je gerbe encore au moins deux fois par jour et je supporte très mal les trajets en voiture. Apres les repas j’ai comme l’impression que j’ai des pierres dans le bid  et je dois définitivement renoncer à mon unique tasse de café (pourtant plus que léger) du matin pour cause de brulures gastriques et de remontées acides. Mon estomac est décidemment une vraie nullité. Je vais tenter « l’ami du petit déjeuner » et voir si ça peut remplacer mon ptit caf du matin.

J’approche de la date de la fin de mon premier trimestre et je n’ai déjà plus rien à me foutre sur le cul. Comme je suis petite, plutôt mince et que mon utérus se souviens d’avoir enflé déjà deux fois j’ai déjà un bon bidon. C’est le même principe que les ballons de baudruche : la première fois que tu le gonfles c’est difficile et assez long mais les fois suivantes ça va tout seul et ça enfle au premier souffle (c’est la mémoire de la matière). Résultat : je ne rentre même plus dans mes culottes. Pour le haut ça le fait, on trouve toujours dans le dressing des t-shirt larges ou des tuniques amples qui font l’affaire. En revanche, fermer un pantalon est devenu mission impossible ! Il faut que je fasse le plein de fringue de grosse. Là on se dit qu’on aime le progrès et qu’on est ravie de ne pas avoir vécu au temps de nos mères qui avaient le choix entre salopette de chantier et robe à fleur de sortie de messe.

Chéri regarde d’un œil intrigué mon ventre qui s’arrondit. Je vois bien qu’il a envie de toucher mais n’ose pas. Et oui, je suis intouchable depuis des semaines ! En effet, l’état « fatiguo-nauséeux » dans lequel je végète ne peut souffrir d’aucun mouvement imposé par l’environnement. Alors, encore une fois il patiente et mate du coin de l’œil.

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